La mode est l’une des industries les plus polluantes au monde. A l’origine de 4 à 8 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales selon l'ADEME, elle consomme également d'immenses quantités d’eau et d’énergie pour produire des vêtements souvent portés seulement quelques fois. La fast fashion, en particulier, alimente une surproduction et une surconsommation qui entraînent des déchets massifs de textiles non recyclés ou incinérés. Dans ce contexte alarmant, de nouvelles pratiques émergent pour limiter notre empreinte écologique — parmi elles, l’upcycling ou surcyclage s’impose comme une alternative durable et créative.
Définition et origines de l’upcycling
L’upcycling consiste à transformer des matériaux ou objets destinés à être jetés en produits de meilleure qualité ou utilité. Le concept d’upcycling a été formalisé dans les années 1990 par Reiner Pilz, un designer d’intérieur allemand. Il oppose l’upcycling à ce qu’il appelle le downcycling : une forme de recyclage qui, au lieu d’améliorer, dégrade la matière jusqu’à n’en faire qu’un produit brut de moindre valeur. Selon lui, le recyclage traditionnel détruit tout pour repartir de zéro, alors que l’upcycling cherche au contraire à préserver la matière, l’histoire, et le potentiel esthétique des objets.
Mais l’idée de réutiliser intelligemment des ressources existantes n’est pas nouvelle. On retrouve l’esprit de l’upcycling dans des pratiques anciennes, comme la transformation de vêtements abîmés en chiffons, la couture de couvertures à partir de restes de tissus, ou encore la transmission d’habits de génération en génération.
Dans le domaine de la mode, c’est le créateur belge Martin Margiela qui, dès 1989, incarne cette démarche. Il détourne des objets du quotidien pour créer des pièces avant-gardistes : des robes en sacs plastiques, des vêtements assemblés à partir de tissus usés, de linge de maison ou d’éléments industriels. À travers ces créations, il critique la société de consommation et souligne le potentiel artistique des matériaux mis de côté. Cette approche radicale, à la fois conceptuelle et esthétique, posait déjà les bases de l’upcycling moderne tel qu’il est pratiqué aujourd’hui dans la mode indépendante.
Différences entre upcycling et recyclage
Bien que souvent confondus, upcycling et recyclage sont deux processus très différents. Le recyclage implique des procédés industriels lourds : tri, broyage, transformation chimique ou thermique, avec une consommation importante d’eau, d’énergie, voire de produits toxiques. Il en résulte souvent une matière première de qualité inférieure — c’est ce qu’on appelle le « downcycling ».
L’upcycling, à l’inverse, ne détruit pas la matière. Il détourne son usage initial pour lui offrir une nouvelle vie avec une valeur ajoutée. Par exemple, un vieux jean peut devenir un sac ou une veste originale. Cette méthode ne nécessite pas de transformation chimique ou industrielle, ce qui en fait une solution moins énergivore et plus respectueuse de l’environnement. Ainsi, contrairement au recyclage classique, il ne s'agit pas de détruire la matière pour en créer une autre, mais bien de réutiliser en valorisant.
Avantages de l’upcycling dans la mode
Par conséquent, l’upcycling dans la mode offre de nombreux bénéfices, tant écologiques qu’esthétiques ou sociaux :
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Réduction des déchets textiles : Il donne une seconde vie à des vêtements, chutes de tissu ou stocks dormants, évitant ainsi leur enfouissement ou leur incinération.
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Limitation de la production textile : En réutilisant des matières existantes, on évite de produire de nouveaux tissus, souvent coûteux en ressources naturelles.
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Création de pièces uniques : Chaque pièce est différente, personnalisée, souvent faite à la main ou en petite série, loin de la standardisation de la fast fashion.
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Retour à une mode plus humaine : L’upcycling valorise le savoir-faire artisanal et permet de se réapproprier la fabrication de ses vêtements. C’est aussi une façon de ralentir, de consommer moins mais mieux.
LEFTOVERS, une mode upcyclée
LEFTOVERS s’inscrit dans la démarche de l'upcylcing. En récupérant les fins de rouleaux et stocks dormants, nous donnons une seconde vie à des tissus neufs qui auraient autrement été jetés. Plutôt que de produire de nouvelles matières, nous choisissons de revaloriser l’existant pour créer des vêtements neufs, durables, et de qualité. C’est à la fois un engagement écologique fort et une manière de proposer une mode plus responsable, plus créative, plus consciente.